Bernadette Malgorn | Le blog personnel

Propos liminaires

Conseil de Métropole du 26 juin 2015

Monsieur le Président, Chers Collègues,

Nous voici réunis, en ce Conseil de Brest Métropole, pour examiner un ordre du jour de 105 délibérations.

Vous avez pris la sage précaution de nous convoquer dès 16 heures dans le louable objectif de nous éviter une séance trop nocturne. Les réunions des assemblées locales ont un objectif premier : celui  de soutenir la vitalité de la démocratie locale. Cela passe par la parole donnée à l’opposition comme à la majorité et par la publicité en direction des citoyens grâce à la présence assidue de la presse.

Si nous voulions finir à 21h, nous disposerions donc d’environ 3 minutes en moyenne par délibération, ce qui compte tenu du temps de présentation du dossier, et de l’existence de 5 groupes politiques, laisse environ 25 secondes en moyenne par bordereau à l’expression de chaque groupe. Même si l’on doublait en siégeant jusqu’à 2 heures du matin, on n’atteindrait pas la minute par groupe et par dossier. N’oublions pas que le temps d’attention d’un adulte moyen se situe entre 20 et 30 minutes !

Nous ne pouvons cependant pas escamoter le débat car la plupart des dossiers sont lourds d’enjeux pour nos concitoyens en termes de services publics, d’aménagement du territoire et bien entendu aussi financiers.

Pour ne prendre que l’exemple des Comptes Rendus Annuels à la Collectivité sur les opérations d’aménagement, nous en avons une bonne trentaine à examiner, ils pèsent en moyenne environ 15 M€ avec des participations de la collectivité allant jusqu’à 68% s’agissant des zones d’habitat.

C’est pourquoi et répondant, sans nul doute, à votre vœu, je vous indiquerai les principes guidant nos prises de positions sur les différentes catégories de dossiers, nous limitant par la suite, le plus souvent, à de très brèves explications de vote.

Vous comprendrez que nous fassions  exception d’abord pour les délibérations qui ont trait aux finances de notre Métropole.

L’examen du compte administratif 2014, on parle de près de 400M€,  montre les  limites de votre politique budgétaire: les chiffres confirment nos inquiétudes pour l’avenir.

Notre collègue Bruno Sifantus  y reviendra dans quelques instants.

L’examen du  Rapport de la Chambre régionale des comptes de Bretagne pour les exercices 2010 / 2013  qui, avec les euphémismes propre au style des juridictions financières, pointe une série de manquements que l’on aurait aimé voir traités dans vos réponses avec moins de désinvolture : ces institutions ne détiennent pas la vérité mais leurs conseils sont souvent bons à entendre.

Notre collègue Bruno Sifantus  s’y attardera  aussi quelques minutes.

Nous ne pourrons pas rester muets sur la politique locale de l’urbanisme  (délibération 14): la loi ALUR invite expressément à prendre acte qu’il y a eu débat. Non plus que sur la délibération n°37 proposant de nouvelles ouvertures à l’urbanisation.

La délibération n°33 proposant d’approuver un avenant n°8 à la convention de délégation pour l’exploitation du stationnement public payant sur voirie et en ouvrages aurait pu inviter à un débat sur la politique de stationnement ou sur l’aménagement futur des Halles Saint-Louis : nous nous sommes déjà exprimés sur le sujet en cette enceinte ou celle du conseil municipal comme à l’occasion des assises du commerce où Michel Calonnec et Claudine Péron ont fait valoir notre point de vue. Nous nous réservons d’y revenir à la rentrée.

Vous ne serez pas non plus surpris de l’attention que nous porterons à la délibération n°34 proposant d’approuver un avenant n°9 au contrat de délégation de service public pour l’exploitation du réseau de transport public collectif urbain de voyageurs et notamment son annexe 6 qui retrace le compte d’exploitation prévisionnel pour la gestion du téléphérique. Les charges en € 2015 sont  estimées en 2018 à 898 943€ et les recettes à 104 739€ soit une contribution annuelle  de près de 800 000€ attendue de la collectivité, à supposer que les hypothèses de fréquentation soient vérifiées. Il n’est pas précisé si les charges prennent en compte les recommandations du commissaire enquêteur sur la sécurité.

Les délibérations n°60 à 62 pourraient être l’occasion sur s’interroger sur la formation du prix de l’eau, où Brest, avec ses 4,34€/m3, caracole dans le peloton de tête, et d’exprimer le vœu que les nouveaux RPQS (rapport sur le prix et la qualité du service) soient vecteur d’une plus grande transparence.

En ce qui concerne les CRAC, (une trentaine de délibérations), nous souhaiterons un vote distinct pour chacun d’entre eux :

  • Nous sommes dans l’ensemble favorables à l’aménagement des zones d’activité avec quelques interrogations comme sur la commercialisation du technopole où la collectivité apporte 12,7M€ sur un bilan de 43,9M€,
  • Nous le sommes beaucoup moins sur l’opération dite mixte des Capucins où la collectivité doit apporter 35,367M€ sur les 90,150M€ du bilan actuel.
  • S’agissant des zones à usage d’habitation, nous sommes en général favorables aux opérations de rénovation urbaine et moins aux extensions urbaines surtout les plus massives comme Fontaine Margot dont le bilan prévisionnel de 42, 238M€ fait apparaître un besoin de contribution de la collectivité de 8,33M€ ou Kerlinou avec une contribution attendue de 5,186M€ pour un bilan de 32,523M€.

Je voudrais pour conclure évoquer notre candidature à l’organisation des compétitions de voile des Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024, dans l’hypothèse où la candidature de Paris serait retenue. C’est l’objet de la délibération n°13.

Vous avez donc, Monsieur le Président, déposé, avec le comité de voile du Finistère, notre candidature lundi dernier, le 22 juin.

La concurrence est sérieuse : Marseille, Le Havre, La Rochelle, le Morbihan et Hyères ont des atouts à faire valoir, nous ne pouvons le nier.

Mais nous avons les nôtres qui sont importants : notre rade, la plus belle du monde, et son magnifique plan d’eau et une réelle expérience de l’organisation de compétitions nautiques de rang international ne sont pas les moindres.

Nous avons aussi des efforts à consentir pour être au rendez-vous de 2024 :

  • Nous devons vaincre l’obstacle de l’enclavement. On nous vante ces jours-ci, à longueur de pages, les gains de temps jusqu’à la pointe bretonne de la mise en service de la ligne à grande vitesse Le Mans Rennes. Dans le même temps, la conclusion du débat public sur la LNOBPL, qui ressemble à un enterrement de première classe, a été mise sous le boisseau. Il faut que je sois une lectrice assidue du journal officiel pour en avoir détecté la trace le 6 juin dernier. Notre candidature, si elle est retenue avec cella de Paris, sera un puissant aiguillon à reprendre positivement ce projet : en 9 ans nous pouvons faire quelque chose si nous le voulons. Vous pouvez compter sur le soutien de notre groupe pour avancer en ce sens.
  • Nous devons aussi résoudre la question de l’hébergement. Je me suis permis de vous alerter par deux courriers – les 18 avril et 12 juin derniers – sur cette question. Vous aviez évoqué, lors de notre dernière réunion, la possibilité d’utiliser un navire à quai, formule qui a déjà été employée dans des circonstances similaires. Il semblerait que cette formule pose des difficultés. Nous avons pris connaissance dans la presse d’une perspective de d’un futur Village olympique  dans un périmètre entre le vallon Stang Alar et celui du Costour. Je vous rappelais dans mon courrier la sensibilité de ce site en termes de biodiversité : le respect du développement durable inspire aujourd’hui la charte olympique.

La charte olympique définit l’esprit olympique comme « la compréhension mutuelle, l’esprit d’amitié, de solidarité et de fair-play ».

Puisse cet esprit souffler sur Brest…sans attendre 2024.