Bernadette Malgorn | Le blog personnel

Politique de la ville, école coranique et laïcité

Conseil municipal du 2 avril 2015

L’ordre du jour de notre conseil comporte quelques délibérations significatives concernant le commerce ou la politique de la ville. Nous y reviendrons lorsqu’ils seront appelés. Mais je voudrais, en propos liminaires, vous faire partager quelques réflexions plus générales en lien avec l’actualité.

Le commerce tout d’abord.

Le feuilleton des Halles Saint-Louis semble en passe de connaître un nouvel épisode tandis que la situation du commerce de proximité continue de se dégrader. Je connais vos réponses : «  avec l’internet, les drives, la crise… D’ailleurs, c’est partout pareil. »

Partout ? Non.

Regardez la situation à Quimper : l’observatoire du commerce de centre-ville de la CCI vient d’enregistrer la hausse la plus importante du chiffre d’affaires depuis sa création avec 4,2% au 4ème trimestre 2014. Les commerçants enquêtés soulignent l’effet positif de la nouvelle politique mise en place avec gratuité du stationnement après 17 heures et gratuité des bus le samedi matin.

On a pu entendre par ailleurs évoquer la restructuration du centre Leclerc de Kergaradec, porte de Gouesnou. D’après ce que l’on sait du projet, sa réalisation nécessiterait des modifications des règles d’urbanisme. Il ne serait pas imaginable que ces intéressantes perspectives soient examinées indépendamment de l’évolution du commerce brestois.

Je ne rentrerai pas dans le débat que nous avons déjà eu sur les compétences respectives de la ville et de la métropole en matière de commerce. Les deux niveaux de collectivités interviennent selon les sujets.

Aujourd’hui, face aux difficultés majeures du commerce brestois, vous vous décidez à organiser des assises du commerce, au printemps ou maintenant en juin. Pourquoi pas ?

Pour être vraiment pertinentes, ces assises devraient être organisées au niveau de l’agglomération. Et nous souhaitons bien sûr que notre groupe y soit associé.

Deuxième sujet d’actualité en lien avec notre ordre du jour : la politique de la ville.

L’affaire est en gestation depuis la loi de programmation pour la ville et la cohésion urbaine du 21 février 2014. Les 1300 quartiers prioritaires, dont 7 à Brest, ont été connus en juin. En décembre dernier ont été désignés les 200 quartiers d’intérêt national qui émargeront au nouveau programme national de renouvellement urbain 2014-2024 : Brest y figure avec Bellevue. Ces programmes se situent dans la ligne de ceux qui les avaient précédés et nombre de leurs actions mériteront d’être soutenues.

Mais il s’est produit le 7 janvier et dans les jours qui ont suivi des événements dramatiques qui ont suscité l’émotion générale. Nous avons marché ensemble le 11 janvier contre le terrorisme, pour la liberté d’expression, contre l’antisémitisme et pour rendre hommage à notre police.

Le gouvernement a pris une série d’initiatives en matière de sécurité et de lutte contre le djihadisme. A l’occasion de la réunion interministérielle du 6 mars 2015 « égalité et citoyenneté : la République en actes », de nouvelles orientations ont été prises en matière de politique de la ville.

A chaque fois, appel est fait à la mobilisation citoyenne, et, en premier lieu aux collectivités locales. Cet appel ne semble pas être parvenu jusqu’ici. Car le contrat cadre que vous nous présentez aurait pu l’être avant le 7 janvier. Pourtant, depuis lors, Copenhague, Bamako ou Tunis nous ont rappelé la persistance et la nature de la menace.

Sécurité, intégration, radicalisme islamique : ces sujets sont absents de votre document. A peine y évoque-t-on la tranquillité urbaine et le plan départemental de prévention de la délinquance. On y voit aussi, de façon surprenante, la laïcité inscrite entre guillemets, alors même que l’on prétend la promouvoir, objectif que l’on ne peut que partager.

Est-ce à dire que Brest ne serait pas concernée par les questions de sécurité, d’intégration des populations immigrées et les risques de radicalisation islamique ?

L’actualité locale nous dit l’inverse.

Les incidents, souvent graves, sont récurrents dans et autour des transports en commun. Au point que le personnel, exaspéré de ne pas être entendu, a dû, à plusieurs reprises, cesser le travail et annonce encore pour demain une suspension du trafic.

Par ailleurs la population s’inquiète de voir des locaux se transformer en lieux de culte ou d’enseignement de l’islam sans savoir si l’on est dans l’exercice normal d’un culte garanti dans une république laïque ou s’il s’agit de foyers d’embrigadement dans des parcours funestes.

Ces sujets, certes délicats, doivent être traités. A ce stade, vous les occultez. Nous ne pourrons pas nous associer à ce déni.

Pour finir, je voudrais évoquer un sujet moins grave chez nous, même s’il l’est dans d’autres pays. Je veux parler de la vitalité de la démocratie.

Oh ! à Brest, rien qui mette en jeu la vie des personnes. Mais de ces petites discriminations, – mesquinerie ou négligence ? – , qui entachent notre fonctionnement. Nous vous avons alertés sur la non-association de certains de nos élus aux réunions des conseils consultatifs de quartier. Nous avons bien reçu de vos services la règle du jeu différenciant la participation selon la nature des réunions. Nous demandons seulement à ce qu’elle soit respectée.

Nous sommes dans l’opposition. Nous sommes minoritaires. Mais la démocratie, ce n’est pas seulement le constat d’une majorité le jour du vote. C’est tous les jours.

« La démocratie, ce n’est pas la loi de la majorité, mais la protection de la minorité. »

J’espère que cette réflexion d’Albert Camus peut s’appliquer aussi à Brest.
Merci.