Quelle Bretagne dans un monde ouvert ?

partie 1

Découvrez au fil des jours, l’intervention de Bernadette Malgorn lors du 141ème Congrès de l’Association Bretonne à Nantes les 13, 14 et 15 juin 2014.

“Jacques Baguenard devait venir vous parler du mouvement des Bonnets rouges. De sérieux ennuis de santé l’en empêchant, vous m’avez invitée, à la suggestion de notre amie Jacqueline Rolland, à vous entretenir d’un thème dont vous avez eu l’amabilité de me laisser le choix. 

Des Bonnets rouges en 2013

Vous me connaissiez en tant que Préfète de région. Je l’ai été en Lorraine puis en Bretagne. J’aurais pu évoquer devant vous le métier préfectoral, le service de l’État, traiter de la question de l’État. Je ne m’interdis pas de le faire chemin faisant.

Conseillère régionale de Bretagne et présidente du groupe « Droite et Centre de Bretagne », j’aurais aimé aussi vous exposer les priorités que nous défendons pour la Bretagne depuis 2010. Jusqu’à présent, nous n’y avons pas encore rallié la majorité des suffrages des Bretons, mais je suis décidée à poursuivre le combat pour faire prévaloir nos convictions.

Depuis le 30 mars dernier, conseillère municipale et communautaire de Brest et présidente du groupe « Rassemblement pour Brest », j’aurais pu centrer mon propos sur la pointe bretonne et sa métropole. Oui, Brest se revendique métropole. La loi l’a reconnue comme telle. La question de sa concrétisation demeure.

Invitée aujourd’hui de l’Association Bretonne, ce dont je suis honorée, je voudrais vous dire ma solidarité et celle de mes amis pour la défense de la langue bretonne et de la Bretagne historique. Je souligne au passage que, préfète de Lorraine, j’ai aussi sur ces terres milité en faveur du bilinguisme.

Je pourrais aussi, en tant que femme et Bretonne, m’inscrire dans le sillage d’Anne de Bretagne, née à Nantes, ce qui est aussi mon cas, et dont vous commémorez cette année le cinq centième anniversaire de la mort. Je n’aurai certes pas son destin pour ce qui est de la gloire et de la célébration de hauts faits. Mais je revendique comme elle une double fidélité à notre petite et à notre grande patrie : la Bretagne et la France.

Jacques Baguenard vous aurait parlé, avec sa faconde et sa subtilité, de ce qui a mis en mouvement le tréfonds de la population bretonne à l’automne 2013, et, en particulier, la population de l’Ouest breton. Il l’aurait fait avec science, politique bien sûr, mais aussi avec sensibilité. Nous avons participé ensemble avec nos amis à la manifestation du 2 novembre 2013 à Quimper.

S’agissait-il de faire appel aux mânes des générations qui nous ont précédés et dont nous n’avions pas su faire fructifier l’héritage ? Ou le deuil de certaines de nos plus belles réussites industrielles dans l’agro-alimentaire breton ?

C’était à coup sûr un témoignage de solidarité traversant les choix politiques et les responsabilités économiques.

Il vous aurait souligné les risques de dérives et d’enlisement d’un tel mouvement. Le plus grand risque est de le voir capté par le seul débat institutionnel, alors que le slogan « Ré zo ré », « trop c’est trop », voulait dire trop d’impôts, trop de règlementations, trop de puissances publiques, ce fameux mille-feuille dont on ne sait plus le nombre.”

MALGORN Bernadette, “Quelle Bretagne dans un monde ouvert ?”, in Association Bretonne 2014, Nantes 141e Congrès, Tome CXXIII, pp 217-232, Atelier Liv’Edition, 2014