Bernadette Malgorn | Le blog personnel

QUELLE BRETAGNE DANS UN MONDE OUVERT ?

partie 12

Choisir entre la fibre et le TGV ?

J’ai évoqué les réseaux. Nous sommes devenus « multi-appartenants ». Nous sommes bien toujours physiquement quelque part, mais nous sommes mobiles dans nos parcours professionnels et résidentiels, tout au long de la vie, de l’année, de la semaine, de la journée. La question n’est plus tant de la cartographie des services, en l’occurrence des services publics si l’on parle institutions, que de la possibilité d’y accéder. Nous sommes désormais, selon le mot de Jérémy Rifkin, dans « l’ère de l’accès. »

Qu’en est-il de la Bretagne ? Elle a misé historiquement sur les télécommunications. Nous en avons suivi les aventures. Aujourd’hui, elle investit dans le très haut débit. Le plan très haut débit a fait l’unanimité et nous y avons adhéré : c’est aussi un élément majeur de l’aménagement du territoire. De nombreux développements économiques, sociaux et culturels en sont attendus. Mais il ne faut pas imaginer que la fibre va remplacer le TGV. Nous ne sommes pas des particules élémentaires qui pourraient circuler à la vitesse de la lumière dans la fibre optique.

Sans un désenclavement physique, l’Ouest breton périra, et avec celui-ci, c’est la Bretagne qui disparaîtra. Certes Rennes, Nantes et leurs bassins d’emploi pourront toujours se développer. On espère l’arrivée du « vrai » TGV à Rennes en 2017. Cet espace est-breton sera désormais bien relié au reste du monde. Mais l’Ouest breton devra, selon les décisions prises sous l’actuelle majorité, se contenter de l’ersatz au moins jusqu’en 2030. Avec mon groupe du Conseil régional, nous avions déjà dû nous battre pour obtenir de l’ancienne majorité, celle que nous soutenions, l’inscription, au schéma national des infrastructures de transport, de lignes nouvelles à grande vitesse permettant de relier Paris à Brest et Quimper en moins de 3 heures avant 2025. Dès son arrivée au pouvoir, le nouveau gouvernement a remis en cause ce projet et l’a reporté à des horizons lointains.

Mais nous ne pouvons pas attendre. Ces lignes nouvelles faisaient partie du consensus breton construit avec Nantes et qui incluait aussi l’intérêt de Rennes pour Notre-Dame-des-Landes. Où en est-on? Les dirigeants aujourd’hui au pouvoir, à Paris, à Rennes ou à Nantes, vont-ils enfin prendre des décisions et penser aménagement du territoire ? Il ne reste plus grand-chose, hélas, du fameux consensus breton.

Nous avons proposé de mettre deux milliards d’euros sur la table pour emporter la décision. Sans être entendus jusqu’à présent. Cela suppose de remettre en cause certaines politiques et certains financements croisés qui faussent l’expression des priorités. Voilà un beau sujet de réforme territoriale !

MALGORN Bernadette, « Quelle Bretagne dans un monde ouvert ? », in Association Bretonne 2014, Nantes 141e Congrès, Tome CXXIII, pp 217-232, Atelier Liv’Edition, 2014